giovedì 16 ottobre 2008

La machine à conclure

On sait combien la fin d'un texte est importante. Après avoir lu le dernier mot, on ferme le livre et on s'échappe. C'est l'ultime lien entre l'auteur et le lecteur avant la séparation. Un bon texte, pour laisser un goût agréable en bouche, doit donc avoir une fin harmonieuse.
Voici une machine qui vous permettra de trouver le dernier mot le plus adapté à votre texte.

Matériel
une vingtaine de dictionnaires de français
un sèche-cheveux
une plume

Mise en place
Installez-vous dans la pièce dans laquelle vous écrivez généralement. Tapissez le sol de dictionnaires ouverts à une page aléatoire. Branchez le sèche-cheveux vers la porte d'entrée de cette pièce et munissez-vous d'une plume d'oiseau.

Procédé
Tenez la plume devant le sèche-cheveux et faites en sorte que l'air chaud la maintienne en l'air pendant plusieurs secondes. Quand vous jugez qu'elle a suffisamment virevolté, coupez le courant et laissez-la retomber doucement.
C'est sa chute qui vous donnera la réponse : le mot sur lequel elle se posera précédera immédiatement le point final.

giovedì 2 ottobre 2008

Va, Lise

Il avait coutume de dire que ce qu'il possédait tenait intégralement dans sa tête car les biens matériels ne l'intéressaient pas. Il vivait dans un appartement d'une seule pièce presque entièrement vide. Une porte d'entrée, une grande porte-fenêtre donnant sur une cour intérieure et, au milieu de la pièce, une valise. Il l'avait baptisée Lise et il aimait lui dire « Va, Lise » mais jamais elle ne bougeait si lui ne se déplaçait pas avec elle.
Pour se nourrir, il l'ouvrait, en sortait un camping-gaz et se faisait mitonner de bons plats savoureux, car il faisait très bien la cuisine. Lorsqu'il avait terminé, il sortait un livre et le lisait. Il n'en avait qu'un et le relisait sans cesse avec un même plaisir. Il s'efforçait de ne pas l'apprendre par coeur, mais c'était très difficile car sa mémoire, bien malgré lui, retenait parfois des phrases ou même des paragraphes entiers. Quand il se rendait compte qu'il en avait trop mémorisé, il s'obligeait à ne plus le lire pendant quelques jours pour l'oublier.
Pendant ces périodes de disette littéraire, il parlait à Lise. Elle, dans sa position de repos, semblait réellement l'écouter. Il lui racontait des histoires que son livre lui inspirait. Il inventait des planètes minuscules dans lesquelles un unique habitant vivait des histoires d'adulte. Sur chacune des planètes qu'il décrivait, vivait une valise, personnage important dans l'histoire ou simple figurant. C'était pour ne pas ennuyer sa seule auditrice. Pourtant, à certains moments, il lui semblait qu'elle ne l'écoutait plus. Il trouvait ça normal que, parfois, elle se repose un peu et lui pardonnait ses absences et bien plus encore.
Pour ne pas la déranger pendant ces siestes, il sortait faire un tour du quartier. Il regardait à l'intérieur des maisons, au rez-de-chaussée, pour voir ce que faisaient les gens. La plupart d'entre eux regardaient la télévision. Dans une attitude passive et résignée, ils étaient assis et attendaient qu'on leur parle d'eux. Il songea que ces gens étaient comme sa valise, ils aimaient se reconnaître dans les histoires qu'on leur disait. Mais elle était différente car elle n'était ni passive ni résignée. Elle était toujours prête à se remplir d'objets variés, prête à partir, prête à changer son quotidien.
Il n'aimait pas sortir trop longtemps et rentrait rapidement chez lui.