venerdì 23 maggio 2008

« Come si chiama il vostro Papa al tuo paese ? »


J’étais en train de lire devant chez moi quand Angela, ma voisine, s’est approchée et m’a demandé : « Come si chiama il vostro Papa al tuo paese ? » (Comment y s’appelle vot’ pape, dans ton pays ?). Comme quelqu’un qui émerge de son livre, j’avais un peu l’esprit ailleurs, mais j’ai essayé de lui répondre clairement en lui expliquant que le Papa, il n’y en avait qu’un seul pour toute la planète et que c’était justement celui qui vivait chez elle. J’avoue, je pensais que d’entendre ça lui ferait plaisir, c’est flatteur pour quelqu’un qui aime bien le Pape de savoir qu’il n’a pas de concurrents. Et j’avais de bonnes raisons de croire qu’elle aimait bien le pape, d’une part parce qu’elle me posait cette question, mais aussi parce que je l’avais vue feuilleter des revues avec des tas de saints et autres prêtres connus en première page. Le matin même, elle m’avait mis entre les mains une double page qui ressemblait à s’y méprendre à un « Voilà ecclésiastique », en m’expliquant que tel religieux était tellement brave que tout le monde parlait de lui en ce moment. Elle avait ajouté qu’elle n’en oubliait pas le Pape pour autant.
Bref, plus je tentais de lui exposer mon point de vue sur ce Pape ultra-champion puisqu’unique exemplaire, plus je voyais ses sourcils se froncer et j’ai cru lire dans son expression une critique qu’elle n’a pas formulée verbalement mais qui pourrait équivaloir à : « C’est des mécréants dans son pays, ils n’ont même pas de Pape ». Elle a fini par interrompre mes interprétations en me disant fièrement : « A Londra, il loro Papa, è una Regina » (c’est une Reine) et c’est alors que j’ai commencé à réaliser que notre Pape à nous ça pouvait bien être Nicolas Sarkozy, N.S., Notre Seigneur. Je ne me sentais pas de la rassurer en lui disant ça, alors je lui ai dit qu’en France, on avait un « Presidente » (ça faisait moins pingre que rien du tout !).
Elle a eu l’air franchement rassurée et elle a répété « Noi abbiamo un Papa », la tête haute. Le fait que Silvio Berlusconi soit président du conseil ne semblait pas l’intéresser le moins du monde, le seul constat pertinent étant que le Pape régnait sur l’Italie.
Le Vatican est sur le territoire italien, ça ne fait aucun doute et la religion ici fait partie du paysage. Dans toutes les classes italiennes sont exposés des crucifix. Il est naturel pour les élèves italiens du lycée de considérer que tous les autres sont catholiques, de même qu’il est évident pour les élèves étrangers que tous les autres, même s’ils ne sont pas de la même famille religieuse, ont une famille religieuse. Ainsi, quand les élèves m’ont posé des questions lors de mes présentations, aucun Italien ne m’a demandé si j’étais catholique, mais, dans deux classes différentes, deux Albanaises m’ont demandé quelle était ma religion. Ma réponse a suscité des réactions de grande surprise, le mot « athée » (et au-delà l’idée même d’athéisme) n’appartenait pas à leur champ de connaissance. (toutes deux étaient musulmanes)
Je disais au début de mon séjour que Locorotondo a de nombreuses églises, c’est le cas de tous les villages des alentours. Des églises, des chapelles, et des petites représentations de la Vierge de-ci de-là, au détour des rues. J’ai déjà parlé du mariage hier, je n’y reviens pas, mais je ne vous ai pas parlé des communions. Pour avoir habité à Mende juste devant la belle cathédrale, je ne me souviens pas avoir assisté à de telles cérémonies. Outre les cerises, nous sommes également en pleine période de communions et si les cerises sont toutes rouges, les communiants sont eux tous blancs et remplissent les parvis des églises les dimanches matins.
En Italie, de Vintimille à Lecce, îles incluses, les décès sont annoncés sur des grandes affiches blanches placardées sur les murs. Je les connais depuis si longtemps que je ne les regarde plus, j’ai réalisé aujourd’hui combien elles étaient riches de connotations religieuses. « Jésus a frappé à la porte de Costanza pour la présenter au Père », « Après une vie dédiée à son travail et à sa famille, Paolo est rentré chez le Père »…
N’oublions pas, pas ailleurs, que je suis hébergée par l’église. C’est à Don Franco que je dois cette hospitalité. La maison que j’occupe est normalement réservée au vice-parrocco, mais il s’est acheté un trullo et s’y est installé. Or, en l’absence de vice-parrocco la maison est prêtée gracieusement aux gens de passage qui en ont besoin.
Si on exclut le fait que le lit est si étroit que personne ne peut envisager d’y dormir avec quelqu’un, la maison est parfaitement dénuée de quelque signe ostentatoire religieux que ce soit. Pas une croix, pas une icône, des meubles plutôt modernes et un immense frigo.
A propos de don Franco. Vers 22h, avec Anna, après une promenade avec Austin, nous sommes passées devant le bureau de Don Franco et puisque je ne l’ai pas encore rencontré, elle a voulu me le présenter. La place devant l’église est une petite place très mignonne, toute blanche, pavée. Un des bâtiments en face contient le bureau de la paroisse. La porte était entre ouverte, Anna a passé la tête pour voir si don Franco était disponible, interrompant ainsi un jeune homme en pleine confession. En attendant un peu, devant la porte, on a constaté qu’il y avait une file d’attente clairsemée sur la place. Le couple, devant la cabine téléphonique, la dame, sur les marches de l’église et le jeune sur son scooter attendaient tous leur tour pour se confesser ! En fait, le couple en question se mariait le lendemain et il est de coutume de se confesser la veille de la cérémonie. Je remercierai Don Franco une autre fois pour ma maison.
Une digression sur ma maison. Deux détails qui me plaisent en particulier : l’égouttoir au-dessus de l’évier comme dans toute maison italienne qui se respecte et les tuyaux du chauffage qui se mélangent avec la rampe blanche de l’escalier dans un méli-mélo de tubes assez esthétique ! Si je pouvais jouter quelque chose, je pense que ce serait le téléphone, pour pouvoir communiquer. J’ai donné le numéro de ma voisine, Vita, à Vincent et ma’ pour qu’ils tentent de m’appeler chez elle mais c’est sans succès ! Enfin, en réalité, elle ne le connaissait pas son numéro, je l’ai lu sur un petit morceau de papier qu’elle m’a tendu. J’ai aléatoirement ajouté le préfixe de Locorotondo et celui de l’Italie mais les coups de fils semblent se perdre dans un trou noir au milieu des Alpes. Quand j’ai expliqué à Vita qu’ils n’arrivaient pas à me joindre, parce qu’elle s’inquiétait de ne pas recevoir les coups de fil que je lui avais annoncés, elle m’a demandé si, chez moi, c’était plus loin que l’Allemagne. Après avoir attentivement écouté ma réponse, elle m’a dit « uhhhhhhhh » en relevant le menton, si c’est si loin, les communications se perdent en route. De Putignano, ou tout au plus de Bari, là c’est bon, mais plus loin, les communications ne peuvent pas marcher.
Pour conclure, rappelons au passage que Padre Pio a séjourné dans les Pouilles, dans le Gargano, au nord. Après le trio de tête (la Sainte Famille, ça va sans dire), Padre Pio arrive en quatrième position dans la catégorie petites icônes d’intérieur et autocollants de pare-brise, dont les locaux sont friands. Vincent et moi avons fait de nombreuses photos, l’été dernier, de toutes petites voitures presque entièrement couvertes de pieux adhésifs.
Un aveu, pour ma conscience. J’ai écouté parler ma voisine sans lui dire ce que je pensais de ses revues, ni de son Pape. Je crois que certains sujets peuvent rester tabous entre nous, pour l’équilibre du quartier !

3 commenti:

Unknown ha detto...

Se balader avec une coiffure d'artiste et des tenues bariolées passe encore mais s'attaquer à Benedetto non, faut pas exagérer!!!

Giovanni ha detto...

j'ai bien regardé la photo de l'Eglise (c'est super que tu mettes des photos aussi grandes), et pourrais-tu m'expliquer les symboles qui sont en haut de la façade. Je ne les connais pas. A quel saint est-elle dédiée d'ailleurs ? Y a-t-il des saints propres aux Pouilles ? J'ai bien compris que le Padre Pio avait la cote. Mais il doit y avoir des saints traditionnels à la région. J'arrête là, sinon, tu vas te coucher encore plus tard que d'habitude ...

Ecligma ha detto...

De pape en abîme....
Il y a mille raisons, politiques, morales, voire psychologiques, d’établir un lien entre Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy. Même populisme, même autocratisme, même histrionisme, même goût immodéré pour la scène, même manière de traiter en petit personnel collaborateurs et alliés, même emprise (réelle pour l’un, espérée pour l’autre) sur l’information, même inculture littéraire et philosophique - les imagine-t-on un livre à la main ? -, même habileté rhétorique, même façon d’exhiber la richesse… Mais un point commun mérite d’être spécialement souligné : divorcés et pères d’enfants de femmes différentes - situation que la Sainte Eglise romaine et catholique n’approuve que très peu -, ils mettent la même ardeur à affirmer les vertus de la religion et à disqualifier la laïcité.....
C'est presque un début de réponse.....