martedì 13 maggio 2008

Il mio trekking

En Italie, chaque professeur travaille 18 heures et chacun a droit, en plus de son dimanche, à une journée de repos, la giornata libera. Le lundi est la giornata libera de Anna. Je suis allée au lycée travailler pour mettre en forme les idées que nous avons eues et commencer à produire quelques documents. Non vedevo l’ora di cominciare ! Ca ne surprendra pas la plupart d’entre vous, j’étais très impatiente de commencer à donner une forme un peu moins passive à mon travail. Ce matin, j’ai décidé plusieurs choses. En prenant le train pour Noci, je me suis dit que j’allais appeler mon travail le projet « trulli ». D’une part parce qu’il y en a partout autour de moi et d’autre part parce que je compte bien me construire une petite habitation en organisant des pierres récoltées ça et là. Mais comme je ne pourrai pas la transporter dans le train, je dois la faire en pierres sèches pour pouvoir la démonter et la remonter ensuite chez moi (où que soit ce chez moi aléatoire !) J’ai entamé trois chantiers. Une série de cours de français langue étrangère, une série de cours d’italien (comment pourrais-je m’en passer, c’est comme une drogue) et une série de fiches de travaux pour les élèves au cours de notre fameuse semaine européenne. Quelques explications pourraient permettre d’y voir plus clair. Elle n’est pas si fameuse que ça pour ceux qui ne baignent pas dedans comme moi ! Du 13 au 19 mai, a lieu la dernière rencontre du projet comenius qui m’a permis de sillonner l’Europe. Ce projet a démarré le jour où j’ai mis mon premier pied au lycée David d’Angers et il se boucle ici même lundi 19 mai. C’est dans ce cadre que nous avons reçu notre tour de Babel en novembre 2005 puis en décembre 2007 et c’est également pour ce même travail de force que je suis allée à Evora, au Portugal, et au pied levé à Lodi l’année dernière. J’ai refusé un voyage au Liechtenstein il y a deux ans, à un moment où je me sentais submergée, sinon j’aurais fait le tour des cinq lycées partenaires. Notre thème de travail tourne autour de la tolérance et de l’intégration et notre principal objectif est la création de learning object, terme qui est cher à Takis. Dit plus simplement, ou du moins sans anglicisme, notre intérêt est de rendre les élèves maîtres de leur propre apprentissage. (un peu pompeux peut-être comme présentation) C’est parce que je savais que je devais être ici pour cette semaine européenne que j’ai choisi de placer mon mois de formation un peu avant et beaucoup après, espérant faire le lien entre les deux projets sans trop m’emmêler les pinceaux. Aujourd’hui, donc, Emmanuel et quelques uns de mes élèves me rejoignent ici, je vais les chercher à l’aéroport de Bari. C’est tout un art d’organiser ces rencontres-là et c’est pour cela que Takis, le grand maestro de l’ensemble, ne dort plus depuis une semaine et délire au point de me demander de traduire des dossiers officiels en anglais. Moi qui me mettrais en quatre pour rendre service, là, j’ai capitulé. Il a insisté en me disant qu’un inglese macheronico ferait l’affaire mais mon anglais n’a même pas la prétention d’être comparable à des pâtes… Ceci dit, je lui tire mon chapeau, il a du mérite de parvenir à maîtriser ses multiples projets tout en continuant à faire cours. Et en plus il s’occupe de moi à longueur de journée. Je disais donc que ce matin, j’ai passé du temps à jongler avec tout ce qui s’était accumulé dans ma tête depuis mon arrivée pour le mettre noir sur blanc, sous le regard protecteur d’Armando, le responsable de la salle informatique, toujours prêt à rendre service à la première requête, même, au premier battement de cil laissant penser que quelque chose me résiste. Les six heures de travail (je me suis très vite habituée au créneau 8h-14h) m’ont semblé un instant. Les bidelli se sont aussi pris d’affection pour moi et m’apportent petits gâteaux et cafés noirs à tour de rôle. C’est beaucoup mieux que de travailler chez moi. En plus, tout le monde parle italien autour de moi. Que demander de plus ? Après avoir mangé avec Takis et Filomena, je suis rentrée à Locorotondo. Je m’attendais à sa réaction mais, me sentant tout à coup l’âme d’une guerrière effrontée, j’ai glissé à Takis que je pensais aller à Martina Franca à pied. « No ! », m’a-t-il dit de son ton le plus paternaliste. Je connaissais son avis et je savais que je ne la prendrais pas en compte, mais je lui ai quand même demandé, peut-être pour m’assurer que j’allais vraiment faire quelque chose de risqué et dont je pourrais me vanter abondement. J’avoue que j’ai peu de scrupule à ne pas l’écouter. Je disais la semaine dernière que je passais pour une folle parce que je voulais faire quelques kilomètres à pied. Voici les risques inconséquents dont il est question. Derrière chez moi, il y a une route qui encercle le centre ville, on l’appelle le « lungomare » bien qu’il n’y ait pas l’ombre d’une goûte d’eau. C’est parce que le matin, parfois, on voit la brume ouvrir l’horizon, un peu comme à Casciana alta. De là, on a une vue dégagée qui permet d’apercevoir, au loin mais pas tellement dans le lointain non plus, Martina Franca. On voit même les petites stradine de campagnes qu’on peut emprunter pour s’y rendre. Pas jusqu’au bout, mais au moins le premier kilomètre. Takis avait peur que je me perde ou qu’une voiture me renverse. Or, il est impossible de s’égarer puisqu’on ne perd jamais de vue ni Locrotondo, ni Martina Franca quand on est entre les deux villes. Quant à me faire renverser par une voiture, il y a quand même des risques plus grands : celui de tomber en avion par exemple. J’ai mis une heure et quart pour faire le trajet et j’ai croisé en tout, un chien placide, une mobylette break au ralenti et deux motorini qui peinaient à atteindre le 30 km/h. Le plus grand risque était finalement de me prendre les pieds dans mes lacets mais, heureusement, je n’en avais pas. Prévoyante, hé hé ! J’en ai déduit que la réaction naturelle des autochtones était de surprotéger son prochain. Voilà comment les jeunes sont poussés à la désobéissance ! Je ne regrette pas cet écart de conduite, c’était une très belle petite route de campagne comme ils disent ici. « Cet après-midi, je suis à la campagne », « je mange à la campagne », « tu as vu la campagne ? »… la campagne est tout ce qui se trouve à l’orée de la ville et elle semble jouir d’une certaine gloire. C’est amusant, nombre d’entre eux ont une maison « en ville » (Locorotondo, 15000 habitants… avoir une maison à Mende, est-ce avoir une maison à la ville ? Véro ? Odile ?) et une « à la campagne », soit 4 km plus loin ou « à la mer », juste un peu après. Je crois que ça ne nous viendrait pas à l’idée en France, d’acheter une résidence secondaire à quelques kilomètres de la première. (Quoi que… il me vient en tête les deux maisons de Vincent à Najac, elles sont encore moins éloignées que ça !)



Bon, trêve de digression, je me suis bien immergée dans la campagne, donc, au milieu des majestueux oliviers et des nombreux, caractéristiques et si charmants petits murs de pierres sèches. Après en avoir parlé à plusieurs reprises, j’hésite à dire que ces pierres sont un don du ciel. La remarque initiale, c’est que la terre est remplie de pierres. Je suppose qu’au départ, ça ne les a pas amusés de constater que, pour réussir à enfin planter quelque chose, il fallait passer les champs à la pince à épiler afin de les dégager de tous ces empêcheurs de cultiver en rond. Et puis, malins ces pugliesi, ils en ont fait un atout en les utilisant pour construire les fameux trulli dont je ne vous parle plus et les petits murs qui longent toutes les routes et séparent toutes les portions de terrain. Quand ils sont un peu plus hauts que l’habituel muret de moins d’un mètre, ils sont appelés « antilupi » puisqu’ils servaient à se protéger des loups.
C’était un beau mélange de couleurs cette promenade entre le vert et le jaune des champs toujours ponctués de leurs gracieux coquelicots rouges, le bleu nuageux du ciel et le gris des murets. Le contraste a été net avec les murs de Martina Franca aussi blancs et doux que ceux de Locorotondo. J’ai fait une visite mordi e fuggi de Martina Franca.

J’y étais déjà venue, l’été dernier, avec Vincent et nous avions beaucoup arpenté les ruelles. Et puis là, j’avais surtout envie de voir la campagne. J’ai pris un bus pour rentrer et hop, a casa.

2 commenti:

Giovanni ha detto...

Marie, juste une question. Tu parles de pierres sèches. Mais y a-t-il des pierres mouillées ? C'est quoi au fond une pierre sèche ?

Marie ha detto...

Ah oui... c'est juste... c'est plutot "à sec". C'est à dire sans aucun ciment, ni rien pour maintenir les pierres entre elles...