mercoledì 28 maggio 2008

« A quelle heure doit-on partir ? »

Retour à Locorotondo en douceur. Un magicien attentionné a changé mon paysage quotidien de peur que je ne me lasse. En vérité, j’étais loin d’être lasse mais je suis contente de ces changements. Des bottes de foin déposées ça et là ponctuent mon horizon de boules jaunies et les champs se sont changés, ils ont retiré leur pulls verts et endossent une robe d’été couleur paille. Tout semble plus sec alors que les premiers jours de grosse chaleur arrivent.
Au lycée, les élèves me font rire, encore plus qu’en France, à cause de leurs maladresses d’expression. J’essaye de ne pas trop le montrer pour qu’ils continuent à oser s‘exprimer. Je ne résiste pas à la tentation de vous raconter un des cours de ce matin.
J’ai constaté que les élèves de prima avaient des difficultés énormes pour prendre la parole à l’oral. Je leur ai préparé pendant le week-end un exercice pour les entraîner à dialoguer entre eux. J’avais élaboré des petits scenarii et chacun devait jouer un rôle.
Un des scénarii : Deux amis discutent pour préparer leurs vacances d’été. Ils doivent décider le lieu où ils iront, à quelle période ils partiront, avec qui et pour combien de temps. (Nous avions fait un travail de compréhension de l’oral sur un dialogue où deux de mes élèves préparaient un séjour à Noirmoutier… quand je pense aux îles Tremiti et que je revois mes vagues souvenirs gris de Noirmoutier, je suis encore plus contente d’être ici !).
Ils étaient évidemment libres de modifier les données, ce qui comptait avant tout, c’était de rendre le dialogue le plus naturel possible. Ou plutôt, le moins artificiel !
Deux groupes sont passés sur ce scénario, pas extraordinairement original, j’en conviens mais assez réaliste. Chacun d’entre nous a déjà tenu ce genre de conversation, eux compris !
Cinq minutes de préparation et hop.
Premier groupe. (hélas, ô combien hélas, il vous manque leur accent macheronico !)
- Où dévons-nous aller ? (comme ça, sans introduction rien et en regardant ses pieds, mais avec une belle inversion du sujet, remarquons-le au passage et même, ce qui n’apparaît pas ici, une magnifique liaison « devons-nous z aller » qui laisse penser qu’il n’y avait même pas de faute d’orthographe dans sa phrase… ce qui m’a rendu très tolérante sur l’utilisation approximative du verbe devoir !!)
- On va en Afrique. (réponse brute et décisive!!!)
- A quelle heure doit-on partir ?
(blanc)
(hésitations)
(regard perdu et suppliant)
Je les arrête voyant qu’ils deviennent rouges et craignant pour leur santé et je leur explique vaguement pourquoi c’est absolument tout sauf vraisemblable. Je me moque gentiment mais sincèrement de la dernière réplique, en expliquant qu’on peut difficilement envisager cette question à ce stade de leur conversation ! En outre, avant de connaître l’heure, la destination mériterait peut-être d’être vaguement précisée !!
Pleine d’enthousiasme, je hèle un second groupe, sur le même thème, pensant naïvement que les consignes peuvent aider les suivants.
Second groupe.
- Où voulez-vous aller ? (je n’invente pas le vouvoiement, je répète tel quel, remarquez qu’ils sont drôlement au point pour l’inversion et la liaison, voir plus haut)
- Je veux aller en Spagne.
- Je préféré France.
Alors que je commence à sourire à l’écoute de ces fantaisies de lexique et de prononciation, arrive le plus beau.
- A quelle heure doit-on partir ?
Non vraiment, si vous ne me croyez pas, je comprends mais je vous assure que c’est vrai.
J’avoue, je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire.
Je ne sais pas si c’est parce que j’y suis habituée ou seulement parce que ce n’est pas ma langue maternelle mais les erreurs me font beaucoup moins rire en italien.
C’est élèves pleins de bonne volonté ont appris quelques phrases par cœur et veulent à tout prix me les offrir, c’est vraiment une bonne intention… mais ils sont loin, bien loin, du sens que j’essaye de donner à leur apprentissage… La langue ne leur semble pas encore être un outil de communication mais seulement une matière scolaire à apprendre par cœur. J’espère que ça changera...

2 commenti:

Giovanni ha detto...

Rassure-toi Marie, on te croit, et surtout, cette petite scène est en effet très comique.
Au fait, j'ai bien reçu ta carte. Merci.

Marie ha detto...

Grazie Giovanni! Mi fa piacere sapere che non rido da sola!!