domenica 11 maggio 2008

« Les Français sont des Italiens de mauvaise humeur »


J’aime bien cette citation de Cocteau et je la cite volontiers à qui veut bien l’entendre.
Ce qui me semble évident, en l’occurrence, c’est que les Italiens sont des Français extravertis. Ils aiment parler, ils sont enchantés à l’idée d’entamer une conversation avec le premier venu et passent le plus clair de leur temps à commenter choses et autres. C’est extrêmement agréable, précieux même, dans mon cas.
Je suis abasourdie par le nombre de personnes que j’ai croisées en quelques jours.
Les collègues du lycée ont tous été disponibles et affables. Takis et Anna sont tout simplement adorables et prêts à tout pour s‘assurer que je vais bien, que je profite, que je ne m’ennuie pas, que je remplis bien mes journées, que je me repose, que je mange, que je suis satisfaite... je ne pouvais pas rêver un meilleur accueil que celui qu’ils m’ont réservé.
Vendredi j’ai passé un peu de temps à Locorotondo et fais une belle promenade, la passeggiata della masseria au milieu des trulli et des beaux coquelicots en fleur. A peine quitte-t-on Locorotondo qu’on se retrouve en plein champ, dans la vallée d’Itria, la fameuse vallée des trulli.
En quelques heures j’ai chiacchierato avec Gian Franco, le pizzaiolo qui m’a vendu un morceau de pain quand je suis rentrée du lycée, le gardien (fidèle et irréprochable) des nobles toilettes publiques (qu’il tente de transformer en ne se cachant qu’à moitié en office de tourisme), Anna la responsable d’un agriturismo qui a absolument tenu à me donner une carte du territorio, le pauvre mari de la libraire (partie à Turin pour le salon du livre abandonnant son négoce sans mesurer les conséquences), Francesco le jeune barman maniéré et mes deux charmantes voisines.
Nonna, la voisine d’en face et Angela (mince, je ne dois pas oublier son chien Max, elle serait très déçue) sont deux dames adorables. La première a environ 70 ans et me regarde comme si j’étais une grande aventurière parce que je vais travailler tous les matins à Noci (16 km), la deuxième a dix ans de moins et me fait sentir sa menthe à chaque fois qu’elle y pense (souvent). Toutes deux souffrent d’un mal moderne (qui, je le constate, peut donc également atteindre des Italiens), une solitude aiguë à laquelle ma présence semble être un remède temporaire.
Mon appartement est vaste et pratique mais il présente un défaut majeur pour l’adoratrice de la lumière que je suis : une seule fenêtre, plein nord, petite et inefficace. J’ai donc pris possession des escaliers devant chez moi. Mon appartement est en fait une maison si j’en crois la définition que j’ai en tête : la porte extérieure donne uniquement chez moi (« chez moi », comme je vais vite en besogne ! C’est parce que j’ai mis mon nom sur la boîte aux lettres sous le regard attendri des susdites voisines auxquelles je venais de confier que, selon mes pronostics, je recevrais une lettre avant une semaine). Je n’ai donc aucun scrupule à utiliser les escaliers comme salle à manger et bureau de travail, selon ce qui se présente. L’air est tellement doux, la vue tellement blanche et les passants tellement avenants qu’on n’a pas envie de rester à l’intérieur.
Et mes voisines sont ravies de pouvoir papoter avec moi. Parfois elles s’emballent un peu et se mettent à me faire des blagues en dialecte auxquelles je ne comprends rien mais l’une des deux voit mon regard soudain perdu et rappelle l’autre à l’ordre : « ma parla in italiano ».
Un soir, Angela, après m’avoir fait visiter son tout petit studio (elle aussi n’a qu’une minuscule fenêtre, poverina), m’a regardé un peu de travers (elle revenait de chez le coiffeur fière de sa coupe et faisait danser ses cheveux gris dans son cou), a baissé un peu la voix et m’a dit d’un air inquiet « ma da te ci sono i ladri ? » (chez toi y a des voleurs ?). Pas pire que Berlusconi, avais-je envie de répondre, mais je me suis contentée d’un oui évasif, elle était déjà passée à une autre question qui semblait la passionner davantage « è bello il tuo paese ? ». Ensuite, après m’avoir fait bien expliquer pourquoi j’étais ici, elle a commenté qu’un mois c’était trop peu « pour apprendre le dialecte d’ici ». (C’est la seule chose qui lui semble importante, c’est également la seule chose que je n’avais pas mentionnée dans mes explications !) Elle m’a quitté avec un « magari potessi restare qua a farci compagnia » et en me faisant sentir la menthe.

3 commenti:

Anonimo ha detto...

Dur d'égaler un italien... sa réputation n'est plus à faire.
Pays avec un ego démesuré, une grand mesquinerie, et un matchisme national.

Unknown ha detto...
Questo commento è stato eliminato dall'autore.
Unknown ha detto...

Pardon, je suis Italien... Monsieur Olfeskar, d'accord avec le machisme et cetera mais, ce n'est pas toujours pareille : il y a même des bons Italiens, pas du tout macho, et même sympa et agréable, je vous assure.
Au sujet des toutes petites fenêtres, elles sont comme ça parse que là bas il fait drôlement chaud, surtout pendant l'été, et les maisons à l'ancienne, traditionnellement pauvres, ont que des trous comme ça, en préférence vers le nord, le côte plus frais...
Bonne journée à tous !