giovedì 22 maggio 2008

« Tutto il mondo è paese »... ma « paese che vai, usanza che trovi »

Au début de ce processus de migrations, ce sont les Italiens qui partaient. Les méridionaux se sont mis à s’installer au nord, les septentrionaux en France, ou en Allemagne, puis tutti quanti sont partis aux Etats Unis, en Amérique latine... et aujourd’hui encore, ici comme ailleurs, on peut constater « la fuga dei cervelli » (dont Marie est un parfait exemple puisqu’elle offre un cevreau français aux Belges).
(Soit dit en passant c'est à ce processus de migration et après l'intervention de plusieurs faits annexes, que mon adorable soeur, mon adorable frère et moi-meme devons notre existence.)
Evidemment, le problème actuel des Italiens c’est le flux des étrangers qui tentent de s’installer de gré ou de force dans la botte. Marocains, Algériens, Sénégalais, Nigériens, Chinois, Albanais, Roumains, en particulier. (ce sont ceux cités par Culicchia plus loin)
La situation est telle que meme quelqu’un "rigorosamente di sinistra" (de gauche), tolérant et ouvert ne peut pas rester parfaitement indifférent aux trop nombreux faits divers qui racontent qu’un Rom a commis tel ou tel atrocité dans tel ou tel coin de la Péninsule. Les gens ont vite fait de confondre ensuite Roms dangereux et Roumains, puis Roumains et étrangers. Enfin, actuellement c’est le Roumain qui pose problème et qui remplit les journaux.
Beaucoup de familles italiennes emploient une colf ou autre badante de l’est pour s’occuper du ménage, des anciens, des enfants... Un homme politique de la lega Nord (les plus xénophobes des xénophobes) affirme que les Italiens n’attendent qu’une chose : que ces jeunes filles s’en aillent pour pouvoir prendre leurs postes. Les Italiens avec qui j’en ai parlé affirment que personne ne veut prendre ces emplois. Lui dit que si, de nombreuses femmes italiennes aimeraient ce travail à mi-temps, pour arrondir les fins de mois. Par définition, les gens qui « accueillent » des colfs, les embauchent à plein temps, leur offre le gite et le couvert et les payent le minimum syndical, dans le meilleur des cas. Les Italiens ont évidemment des exigences que ces filles venues de Roumanie, ou d’ailleurs, et habituées à la misère n’ont pas...
Le problème est vraiment délicat, ils se sentent envahis, les bateaux arrivent de toute part, on ne sait plus où mettre les arrivants ni comment les « recevoir »... on critique les conditions d’accueil dans les CPT (centre d’accueil justement, en Sicile en particulier) mais que faire de tous ces clandestins qui arrivent ?
L'immigration qui se fait si difficilement est d’autant plus terrible quand on pense à la souffrance qu’a provoqué l’émigration il y a un siècle...

Hier, j’ai commencé un livre de Culicchia, un auteur turinois que j’aime beaucoup. Je vous reporte ici un texte que je trouve très bien senti !
Je ne traduis pas, vous verrez que c’est très répétitif, il suffit de repérer les nationalités. Je vous dis simplement que le livre s’appelle « Torino è casa mia », (Turin est ma maison) et que Culicchia présente la ville pièce par pièce, comme s’il s’agissait en effet de sa maison. Il commence par l’entrée (l‘ingresso), qui est bien sûr la gare Porta Nuova. (qui me rappelle mes premiers voyages solitaires en Italie !).
A oui, pour vous aider : lamentarsi = se plaindre, prendersela = s'en prendre à qq'un.
J’adore la conclusion… je vous laisse vous immerger dans le texte italien !

Vivo a Torino da molti anni. La città è la mia casa. Perciò Torino è casa mia. È una casa abbastanza spaziosa. La divido volentieri con tutti. A cominciare dall’ingresso.
L’ingresso, per me che sono figlio di un siciliano arrivato a Torino nell’ormai lontano 1946, corrisponde alla stazione di Porta Nuova. [...]
Ai torinesi però Porta Nuova non piace granché. È piena di brutta gente, come tutte le stazioni. E poi da Porta Nuova sono arrivati in troppi. Prima tutti quei siciliani. Poi tutti quei calabresi. Poi tutti quei napoletani. Poi tutti quei pugliesi. Poi tutti quei marocchini. Poi tutti quei tunisini. Poi tutti quegli algerini. Poi tutti quei senegalesi. Poi tutti quei nigeriani. Poi tutti quei cinesi. Poi tutti quegli albanesi. Poi tutti quei rumeni. Il bello però è che nel corso del tempo, seppure a fatica, anche i nuovi arrivati hanno cominciato a sentirsi un po’ torinesi. E così, i siciliani si sono a loro volta lamentati, nell’ordine, prima per via di tutti quei calabresi e poi per tutti quei napoletani, pugliesi, marocchini, tunisini, algerini, senegalesi, nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni. I calabresi prima per via di tutti quei napoletani e poi per tutti quei pugliesi, marocchini, tunisini, algerini, senegalesi, nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni. I napoletani prima per via di tutti quei pugliesi e poi per tutti quei marocchini, tunisini, algerini, senegalesi, nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni. I pugliesi prima per via di tutti quei marocchini e poi per tutti quei tunisini, algerini, senegalesi, nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni. I marocchini prima per via di tutti quei tunisini e poi per tutti quegli algerini, senegalesi, nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni. I tunisini prima per via di tutti quegli algerini e poi per tutti quei senegalesi, nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni. Gli algerini prima per via di tutti quei senegalesi e poi per tutti quei nigeriani, cinesi, albanesi, rumeni... E avanti così.
Quanto ai rumeni, aspettano con ansia che a Torino si decida a emigrare qualcun altro: perché loro, gli ultimi arrivati, non sanno con chi prendersela.
Giuseppe Culicchia, Torino è casa mia, editori Laterza, 2005

Culicchia est génial, j’adore le ton de ces textes et sa façon de prendre les problèmes en dérision. Son livre sur Turin, plein de nombreuses réflexions sur la ville et au-delà sur l’Italie est un délice !
Evidemment, c’est étrange de lire une sorte de guide sur Turin en étant dans les Pouilles.
Je crois que la force de mon amour pour l’Italie tient dans le constat que j’ai fait récemment : j’aime l’Italie. Du nord au sud. Un jour je m’émerveille sur les petits ponts vénitiens, le lendemain, je ne veux plus quitter les paysages siciliens. Je veux m’installer à Rome et aussitôt, c’est Naples et sa costiera qui me happent. Je rêve d’une vieille maison dans la campagne siennoise quand un trullo m’apparaît et m‘attire dans les Pouilles…

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