giovedì 22 maggio 2008

piazze

la place de Locorotondo


Allez, pour faire plaisir à Aurélie (c'est quand meme elle qui travaille pour moi à Angers !), je commence par une petite poésie italienne!


Fra le tue pietre e le tue nebbie faccio
villeggiatura. Mi riposo in Piazza
del Duomo. Invece
di stelle
ogni sera s'accendono parole.
Nulla riposa della vita come
la vita.

U. Saba, Il Canzoniere, Torino, 1961



Ah, comme c'est important la place pour un italien ! Le forum romain n'est pas mort, c'est sûr quand on s'arrête un peu sur les places italiennes.
Ce qui est amusant à Locorotondo c’est que chaque habitant est très très attentif à la propreté du morceau de terrain qui se trouve devant chez lui. Mardi, et encore plus mercredi, nous avons eu de belles averses et même un peu d’orage. Tout le monde ici dit que le temps est déréglé, on n’a jamais vu un mois de mai si peu fiable et chacun y va de son commentaire sur sa garde robe : on ne sait pas comment s’habiller le matin avec ce temps !
Pour hier, je ne peux pas le nier ! A 7h, il faisait très frais et le temps était bien couvert. Quand je suis sortie du lycée, il y avait un soleil resplendissant, Anna et moi avons fait une petite promenade (au cimetière en fait : une amie à elle est en train de faire une fresque dans un des bâtiments du cimetière de Locorotondo) et nous faisions déjà des projets pour l’après-midi mais une heure plus tard, il ne manquait que Noé pour nous embarquer dans son arche. Il a vraiment plu !
Et c’est drôle, quand il pleut vraiment comme ça (c’est la troisième fois cette semaine), les gens commentent « è piovuto terra » et en effet les vitres des voitures sont marron, et le sol couvert de terre. Etrange pays !
Dès que la pluie a cessé, aussi soudainement qu’elle avait commencé, je suis allée me promener pour voir les pavés luisants. Les rues étaient pleines d’hommes qui débarrassaient l’eau avec leur balai ! Le spectacle vaut vraiment la peine, on dirait une chorégraphie étudiée ! On ne tolère pas les traces de terre, la ville doit être belle et propre. Les murs sont allaités chaque année, les pavés balayés à la première averse et les rues constellées de plantes ! Une autre voisine est venue discuter avec nous hier soir et elle m’a emmenée fièrement visiter son morceau de rue pour me montrer ses plantes, un vrai jardin !

(j'ai pris la photo tard hier elle est un peu sombre)
On en revient d’une certaine manière à l’importance de la place : c’est là que les gens viennent, c’est pour eux qu’elle doit être la plus belle possible.
Combien de fois ai-je entendu les septentrionaux critiquer la crasse du sud… et les gens d’ici en sont bien conscients. Ils trouvent ça particulièrement injuste mais peuvent difficilement lutter contre de telles idées reçues. Les généralités sont décidément dangereuses.
La place, c'est un peu plus vaste que la simple place du village : c'est la zone de la passeggiata, toutes les ruelles qui forment le circuit habituel.
Je ne suis pas sure de parvenir à rendre compte de l'importance de rituel quotidien mais je vais essayer.
Certaines personnes, à peine rentrées du travail, se préparent pour sortir. Changement de vetements, maquillage pour les femmes, parfum. On sort et chacun prend sa place.
A Locorotondo, je me suis amusée à les regarder aller et venir.
Les jeunes garçons de 11-14 ont élu domicile sur ce banc, dans la descente alors que les filles du meme age sont installées sur le muret, plus bas. Dans la tranche d'age superieure, les filles sont sur les marches, en face du bar, et les garçons debout, devant le tabac. Si on avance encore, les jeunes adultes sont aux terrasses ou devant le cinéma, un peu plus tard, dans leur vie, ils promènent les poussettes avec un "pull autour du cou" (c'est pas de moi, c'est de Benabar !). Un groupe d'anciens devant le jardin public, et un autre sur le seuil de l'association des chasseurs.
Chaque groupe se déplace, lentement, comme sur un tapis roulant d'un point à un autre et revient irrémédiablement au point de départ. Parfois des groupes de jeunes du meme age de sexes opposés se croisent, c'est meme leur seul objectif défini pour la soirée. Ils se toisent, commentent, parfois se mélangent meme.
La pause s'impose chez le glacier, en face de l'église.
Ce vieil homme sorbet au citron va rejoindre son groupe un peu plus loin.
Cette jeune fille chocolat noisette regarde le groupe des garçons en espérant se faire remarquer.
La petite fille crème pistache rattrappe sa mére en courant et sème la moitié de sa glace sur les pavés luisants.
Ils discutent, marchent, discutent, regardent, discutent, mangent leur glace, discutent, s'arretent acheter des cigarettes, discutent, commentent, analysent, répètent, rappellent, crient, murmurent, discutent, discutent, discutent.
Sans cesse et sans s'en lasser.

2 commenti:

Unknown ha detto...

Enfin un peu de poésie dans ce monde de brutes... Merci pour ton blog qui nous permet de suivre tes pérégrinations...
Ma non è che mi potresti mandare un gelato al pistacchio con panna? ;)

Marie ha detto...

Adesso ci penso un po' e ti dirò se troverò una soluzione per spedirlo a Ancenis ! Tutto bene a casa mia? Innocent, che fine ha fatto?