sabato 17 maggio 2008

“questa è la tua terra??”

La bonne nouvelle de ces deux jours, c’est que ma boîte aux lettres a reçu ma première lettre et me l’ha consegnata ieri sera. (à mon avis, c’est pour ça qu’on a une maman !) J’étais ravie en voyant la carte postale (une vespa, et de 1946 !) avec mon nom et cette adresse à Locorotondo. C’est comme si tout à coup, ma présence ici prenait acte dans la réalité. Ces deux jours ont évolué sous le signe de la Basilicata, région perdue aride et oubliée, coincée entre la Calabre (la pointe du pied) et la Puglia (le talon pointu). C’était mon tout premier séjour dans cette zone de l’Italie que j’avais connu à travers deux récits : les anecdotes d’une Italienne que j’ai rencontré à Sienne et qui vivait à Matera et l’interprétation de l’évangile selon Saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini, extraordinaire film qui m’a bouleversée lorsque je l’ai découvert au festival premier plan, l’année dernière. J’avais ces deux bonnes raisons en moi, depuis un certain temps a dire il vero, pour avoir envie de rencontrer cette ville. Matera m’est apparue comme un théâtre. D’en haut, j’ai eu une magnifique vue en plongée sur un immense décor de spectacle : une succession à perte de vue de maisons blanches tirant plutôt vers un ocre clair, échelonnées sur différents niveaux, désertes et baignées dans un vaste silence. C’est précisément l’image que j’avais en tête : la photo connue de tous ceux qui ont cherché Matera sur google image. En ce sens, je n’ai pas été déçue : la photo prenait corps dans la réalité et se voyait soudain pourvue de ses trois dimensions légitimes. Mais j’en attendais davantage, sans même le savoir et c’est la suite qui m’a comblée. En descendant progressivement dans le décor, j’ai eu l’impression d’entrer à l’intérieur d’une mise en scène, de m’incorporer à mon insu, dans une histoire en construction. Les maisons, quand on les longe, semblent avoir des anecdotes à nous confier, attendre que les spectateurs s’improvisent acteurs à leur contact pour leur offrir des bribes de spectacles.


Ce sont les sassi qui ont la particularité de Matera, ceux qui m’ont tellement semblé en attente de représentation sont les sassi plus modernes. Les plus anciens sont préhistoriques : ce sont des grottes creusées dans la roche qu’on aperçoit de la ville sur les montagnes en face. Une gravina, une sorte de dépression du terrain, sépare le nouveau centre et cette zone bien plus sauvage.
Le lendemain, nous devions aller à Bari puis à Trani, ce qui me semblait parfait pour les élèves. Un peu de culture, un peu de ville, un peu de mer, tout ça à une heure de bus. On peut difficilement rêver un meilleur mélange. Hélas pour nous tous, le Preside a commis un impair assez inexplicable. Lui qui est si peu en odeur de sainteté avait gagné l’estime des plus gourmands en nous offrant (enfin, pour être plus précise, en décidant que l’école nous offrirait), jeudi soir, un repas exceptionnel de poisson et de fruits de mer à Monòpoli, adorable petit port de la côte adriatique. (une kyrielle d’antipasti tous meilleurs les uns que les autres à base de fruits de mer d’une fraîcheur exceptionnelle, des liguine au poulpe, des cavatelli aux vongole, et toutes sortes de poissons grillés au citron suivis d’un sorbet au citron, rien à redire, un délice !!) Il a malheureusement perdu aussitôt tout le crédit gagné grâce à cette générosité. Il a décidé de changer all’ultimo momento la gita à Bari et de nous envoyer à Venosa. Venosa ????? Qu’est-ce que c’est que ça, nous sommes nus demander. 17 professeurs connaisseurs d’Italie, dont 2 Milanais (enfin Lodiggiani) et deux Pugliesi n’avaient jamais entendu parler de Venosa. Mais nous nous sommes fiés à son jugement de Preside et sommes partis sans même nous en préoccuper davantage, l’essentiel étant de passer la journée ensemble, de découvrir des sites et d’entendre les élèves échanger dans toutes les langues.
Venosa n’est pas laide, ni même inintéressante, per carità, il y a un site archéologique assez riche (bon, c’est pas Pompéi tout de même !) et un château aragonais imposant (ce n’est pas non plus le Maschio Angioino de Napoli). Mais Venosa est très quelconque et surtout, Venosa est à plus de trois heures de bus de Noci.
Nous y avons mangé un sandwich franchement mauvais et avons continué le périple à Monticchio, à 40 km, où deux grands lacs nous attendaient pour une promenade d’une heure.
Résultat de la journée : 8 heures de bus, deux petites heures de visite à Venosa, un tour de lac (alors là je vais vraiment en déconcerter certains) qui m’a fait penser avec émotion à… Courtille !
On continue à se demander pourquoi le Preside nous a fait ça et lui se cache depuis deux jours, sans doute pour ne pas répondre à la question !!
A mon avis, c’est une excellente expérience pour profiter davantage des autres visites, des autres repas, des autres journées ! Ici aussi, on peut voir des choses parfaitement quelconques et manger de mauvais panini ! Enfin, quand je dis ici, ici on ne plaisante pas avec ce « ici » justement. Les deux profs pugliesi qui nous accompagnaient, Graziana e Antonietta, étaient atterrées et lorsqu’une jeune fille ingénue du groupe m’a demandé « le piace prof ? questa è la notra terra ! » Graziana l’a foudroyée du regard : « questa, è la tua terra ??? », sous-entendue, mais tu es des Pouilles toi, tu n’es pas de la Basilicata !!!

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